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Du 10 septembre au 7 novembre 2015
Vernissage : le samedi 12 septembre à 19 h

Le Mois de la Photo à Montréal – 14e édition
La condition post-photographique
Commissaire invité : Joan Fontcuberta

La condition post-photographique

Nous vivons dans une nouvelle ère de la culture visuelle : l’ère post-photographique. Celle-ci est caractérisée par la massification des images, par leur accessibilité inépuisable, leur nature immatérielle, leur circulation vertigineuse…

En cette ère post-photographique, l’image sombre dans la promiscuité et le regard devient infini.

Nous ne cherchons pas ici à nous enquérir des aspects technologiques d’un tel changement, ni à évaluer comment les nouveaux dispositifs sont au cœur de notre perception. Nous nous attachons plutôt à observer en quoi notre rapport à l’image a changé. Les images jouent aujourd’hui un rôle complètement différent dans nos vies.

La production photographique est essentiellement responsable de la surabondance des images. L’idéologie visuelle émergente, baptisée à regret la « post-photographie », a évacué bon nombre des valeurs ataviques de l’appareil photo. Et cela est surtout manifeste chez les jeunes, augurant donc de l’avenir. Depuis le début du présent millénaire, une seconde rupture numérique s’est confirmée : elle se définit non pas tant par des facteurs technologiques que par des composantes culturelles, sociales et politiques, telles que la prépondérance d’Internet, des réseaux sociaux et de la téléphonie mobile. La post-photographie est l’idéologie visuelle qui émerge de ce contexte.

Comme les images ne sont jamais neutres ni innocentes, La condition post-photographique propose d’examiner ce phénomène depuis une perspective non pas esthétique, mais anthropologique. Nous nous intéressons particulièrement au sens que prennent divers concepts clés tels que la vérité, la mémoire, l’archive, le document, la notion d’auteur, l’appropriation, la qualité photographique et l’« artisticité ». Les œuvres des artistes actuels sur lesquelles repose cette réflexion critique nous permettent de reformuler l’expérience de la contemporanéité et notre condition humaine.

Joan Fontcuberta
Commissaire invité

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Erik Kessels, All Yours, 2015. Tiré de in almost every picture #9, 2011. Carte postale, 12,75 x 18 cm. Avec l’aimable autorisation de l’artiste © Erik Kessels

Erik Kessels, All Yours, 2015. Tiré de in almost every picture #9, 2011. Carte postale, 12,75 x 18 cm. Avec l’aimable autorisation de l’artiste
© Erik Kessels

Erik Kessels | All Yours 

Graphiste, publicitaire, éditeur, collectionneur, commissaire d’exposition et artiste, Erik Kessels incarne le profil du créateur transversal caractéristique de l’ère numérique, où les différents rôles associés à l’activité créatrice ont tendance à se confondre. Dans ses projets, Kessels s’intéresse aux formes les plus populaires et les plus triviales de la photographie, tels les albums de famille, les annonces pornographiques et la documentation commerciale, qui sont habituellement exclues des musées et de toute autre instance de consécration. Profitant de l’extraordinaire abondance et de la disponibilité actuelle des images, Kessels récupère tel un chiffonnier ces matériaux rejetés, jusqu’à y trouver de véritables trésors. Détournées de leur fonction originale par un geste duchampien, les photographies recyclées révèlent alors, grâce à leur nouvelle mise en valeur, une esthétique inattendue et des arrière-pensées sous-jacentes laissant entrevoir une écologie de l’image.

All Yours (2015) est une installation conçue spécialement pour Le Mois de la Photo à Montréal à partir de collections de livres thématiques et de publications réalisées antérieurement par Kessels, dont in almost every picture, Useful Photography, Album Beauty, Mother Nature, Models, ME TV, Photo Cubes, Unfinished Father et Bombay Beauties, de même que de matériaux inédits compilés plus récemment. Les deux premières de ces sources – toutes deux amorcées en 2001 – sont les plus ambitieuses. In almost every picture (2001-2015) est un projet de longue durée consistant en un ensemble de livres de photographies portant sur la narration à partir d’images vernaculaires. Useful Photography (debuté en 2001) est un magazine monographique composé de photographies sans intérêt prises à des fins utilitaires et laissées pour compte. Les images de ce magazine ont été compilées et publiées par Hans Aarsman, Hans van der Meer, Julian Germain et Erik Kessels.

ERIK KESSELS (PAYS-BAS)

Né en 1966, Erik Kessels vit et travaille à Amsterdam. Il a présenté de nombreuses expositions, notamment à la Fotografia Europea à Reggio Emilia (2015) ; au Centquatre-Paris (2014) ; aux Rencontres d’Arles (2014) ; au Victoria and Albert Museum à Londres (2013) ; à Pier 24 Photography à San Francisco (2014-2015) ; et à Images – Festival des Arts Visuels à Vevey (2014). En tant qu’artiste et commissaire, Kessels a publié plusieurs livres sur ses collections d’images : Missing Links (1999), The Instant Men (2000), In Almost Every Picture (2001-2015) et Wonder (2006). Depuis 2007, il a été commissaire de plusieurs expositions, parmi lesquelles The European Championship of Graphic Design, Graphic Detour, Loving Your Pictures, Use me Abuse me, 24 Hours of Photos et Album Beauty. En 2010, il a reçu l’Amsterdam Prize of the Arts et, en 2012, il a été élu le créatif le plus influent des Pays-Bas. Depuis 1996, il est directeur de création de l’agence de communication KesselsKramer à Amsterdam.

kesselskramer.com
kesselskramerpublishing.com

 

 

Joachim Schmid, Big Fish, de la série Other People’s Photographs (2008-2011). Livre avec couverture rigide et jaquette. Impression à la demande, couleur Édition illimitée, numérotée et signée  Avec l’aimable autorisation de l’artiste  © Joachim Schmid

Joachim Schmid, Big Fish, de la série Other People’s Photographs (2008-2011). Livre avec couverture rigide et jaquette. Impression à la demande, couleur. Édition illimitée, numérotée et signée. Avec l’aimable autorisation de l’artiste
© Joachim Schmid

Joachim Schmid | Other People’s Photographs

Joachim Schmid est un artiste établi à Berlin qui se consacre à la récupération de photographies vernaculaires depuis le début des années 1980, incarnant ainsi la figure du glaneur visuel. L’ère numérique l’a amené à se tourner vers Internet, où il poursuit sa réflexion sur l’avenir de la photographie au sein d’une culture mondialisée. Dans le contexte actuel de frénésie et de déchaînement des images, Schmid fait partie de ces artistes qui entendent les apprivoiser et les maîtriser. Sa série Other People’s Photographs (2008-2011) se compose d’une collection de 96 livres autoédités comportant chacun une sélection d’images trouvées sur Internet selon un critère de classification plutôt insolite. Schmid constate que lorsque les images perdent le fil de leur origine, leur production effrénée nous entraîne dans un chaos absolu ; la mission de l’artiste consiste alors à rétablir l’ordre ou, à tout le moins, un ordre possible. Un ordre qui, non sans un clin d’œil malicieux, sème la confusion dans l’esprit d’un public naïf, mais suscite la complicité d’un public connaisseur, savourant cette parodie caustique des méthodologies de classification « officielles » des historiens et des musées.

Chaque volume de Other People’s Photographs rassemble un contenu varié en fonction d’un facteur unificateur – aussi arbitraire et absurde que cela puisse paraître –, établissant ainsi des manières possibles de catégoriser le monde. Mais, en fait, en récupérant pour la culture post-photographique la volonté encyclopédique de D’Alembert et de Diderot croisée avec les paradoxes pédagogiques de Borges, Schmid vient ébranler la cohérence de toute théorie de catalogage et d’archivage.

JOACHIM SCHMID (ALLEMAGNE)

Né en 1955 à Balingen, Joachim Schmid vit et travaille à Berlin. Il a présenté des expositions individuelles et collectives, notamment au Lieu d’Art et Action contemporaine de Dunkerque (2015) ; au Museum Folkwang à Essen (2014) ; au Fotomuseum Winterthur (2014) ; à la Gagosian Gallery à New York (2013) ; au Musée de l’Elysée à Lausanne (2012) ; au Museo di Fotografia Contemporanea, Cinisello-Balsamo/Milan (2012) ; au Cleveland Museum of Art (2012) ; au Centre de la photographie Genève (2010) ; aux Rencontres d’Arles (2008) ; et à The Photographers’ Gallery à Londres (2007). Il a publié plus d’une centaine de livres d’artiste. Ses œuvres font partie de collections publiques, telles que celles de la Bibliothèque nationale de France à Paris, du Daelim Contemporary Art Museum à Séoul, du Stedelijk Museum Amsterdam, de la Maison Européenne de la Photographie à Paris, du San Francisco Museum of Modern Art et du Pitt Rivers Museum à Oxford. Il est représenté par la Galerie Alain Gutharc à Paris et par P420 Arte Contemporanea à Bologne.

schmid.wordpress.com
alaingutharc.com
p420.it

Du 12 septembre au 7 novembre 2015

Vernissage : le samedi 12 septembre à 19 h

En partenariat avec le Mois de la Photo à Montréal – 14e édition
La condition post-photographique
Commissaire invité : Joan Fontcuberta

La condition post-photographique

Nous vivons dans une nouvelle ère de la culture visuelle : l’ère post-photographique. Celle-ci est caractérisée par la massification des images, par leur accessibilité inépuisable, leur nature immatérielle, leur circulation vertigineuse…

En cette ère post-photographique, l’image sombre dans la promiscuité et le regard devient infini.

Nous ne cherchons pas ici à nous enquérir des aspects technologiques d’un tel changement, ni à évaluer comment les nouveaux dispositifs sont au cœur de notre perception. Nous nous attachons plutôt à observer en quoi notre rapport à l’image a changé. Les images jouent aujourd’hui un rôle complètement différent dans nos vies.

La production photographique est essentiellement responsable de la surabondance des images. L’idéologie visuelle émergente, baptisée à regret la « post-photographie », a évacué bon nombre des valeurs ataviques de l’appareil photo. Et cela est surtout manifeste chez les jeunes, augurant donc de l’avenir. Depuis le début du présent millénaire, une seconde rupture numérique s’est confirmée : elle se définit non pas tant par des facteurs technologiques que par des composantes culturelles, sociales et politiques, telles que la prépondérance d’Internet, des réseaux sociaux et de la téléphonie mobile. La post-photographie est l’idéologie visuelle qui émerge de ce contexte.

Comme les images ne sont jamais neutres ni innocentes, La condition post-photographique propose d’examiner ce phénomène depuis une perspective non pas esthétique, mais anthropologique. Nous nous intéressons particulièrement au sens que prennent divers concepts clés tels que la vérité, la mémoire, l’archive, le document, la notion d’auteur, l’appropriation, la qualité photographique et l’« artisticité ». Les œuvres des artistes actuels sur lesquelles repose cette réflexion critique nous permettent de reformuler l’expérience de la contemporanéité et notre condition humaine.

Joan Fontcuberta
Commissaire invité

Erik Kessels | All Yours 

Graphiste, publicitaire, éditeur, collectionneur, commissaire d’exposition et artiste, Erik Kessels incarne le profil du créateur transversal caractéristique de l’ère numérique, où les différents rôles associés à l’activité créatrice ont tendance à se confondre. Dans ses projets, Kessels s’intéresse aux formes les plus populaires et les plus triviales de la photographie, tels les albums de famille, les annonces pornographiques et la documentation commerciale, qui sont habituellement exclues des musées et de toute autre instance de consécration. Profitant de l’extraordinaire abondance et de la disponibilité actuelle des images, Kessels récupère tel un chiffonnier ces matériaux rejetés, jusqu’à y trouver de véritables trésors. Détournées de leur fonction originale par un geste duchampien, les photographies recyclées révèlent alors, grâce à leur nouvelle mise en valeur, une esthétique inattendue et des arrière-pensées sous-jacentes laissant entrevoir une écologie de l’image.

All Yours (2015) est une installation conçue spécialement pour Le Mois de la Photo à Montréal à partir de collections de livres thématiques et de publications réalisées antérieurement par Kessels, dont in almost every picture, Useful Photography, Album Beauty, Mother Nature, Models, ME TV, Photo Cubes, Unfinished Father et Bombay Beauties, de même que de matériaux inédits compilés plus récemment. Les deux premières de ces sources – toutes deux amorcées en 2001 – sont les plus ambitieuses. In almost every picture (2001-2015) est un projet de longue durée consistant en un ensemble de livres de photographies portant sur la narration à partir d’images vernaculaires. Useful Photography (debuté en 2001) est un magazine monographique composé de photographies sans intérêt prises à des fins utilitaires et laissées pour compte. Les images de ce magazine ont été compilées et publiées par Hans Aarsman, Hans van der Meer, Julian Germain et Erik Kessels.

ERIK KESSELS (PAYS-BAS)

Né en 1966, Erik Kessels vit et travaille à Amsterdam. Il a présenté de nombreuses expositions, notamment à la Fotografia Europea à Reggio Emilia (2015) ; au Centquatre-Paris (2014) ; aux Rencontres d’Arles (2014) ; au Victoria and Albert Museum à Londres (2013) ; à Pier 24 Photography à San Francisco (2014-2015) ; et à Images – Festival des Arts Visuels à Vevey (2014). En tant qu’artiste et commissaire, Kessels a publié plusieurs livres sur ses collections d’images : Missing Links (1999), The Instant Men (2000), In Almost Every Picture (2001-2015) et Wonder (2006). Depuis 2007, il a été commissaire de plusieurs expositions, parmi lesquelles The European Championship of Graphic Design, Graphic Detour, Loving Your Pictures, Use me Abuse me, 24 Hours of Photos et Album Beauty. En 2010, il a reçu l’Amsterdam Prize of the Arts et, en 2012, il a été élu le créatif le plus influent des Pays-Bas. Depuis 1996, il est directeur de création de l’agence de communication KesselsKramer à Amsterdam.

kesselskramer.com
kesselskramerpublishing.com

 

Other People’s Photographs | Joachim Schmid

Joachim Schmid est un artiste établi à Berlin qui se consacre à la récupération de photographies vernaculaires depuis le début des années 1980, incarnant ainsi la figure du glaneur visuel. L’ère numérique l’a amené à se tourner vers Internet, où il poursuit sa réflexion sur l’avenir de la photographie au sein d’une culture mondialisée. Dans le contexte actuel de frénésie et de déchaînement des images, Schmid fait partie de ces artistes qui entendent les apprivoiser et les maîtriser. Sa série Other People’s Photographs (2008-2011) se compose d’une collection de 96 livres autoédités comportant chacun une sélection d’images trouvées sur Internet selon un critère de classification plutôt insolite. Schmid constate que lorsque les images perdent le fil de leur origine, leur production effrénée nous entraîne dans un chaos absolu ; la mission de l’artiste consiste alors à rétablir l’ordre ou, à tout le moins, un ordre possible. Un ordre qui, non sans un clin d’œil malicieux, sème la confusion dans l’esprit d’un public naïf, mais suscite la complicité d’un public connaisseur, savourant cette parodie caustique des méthodologies de classification « officielles » des historiens et des musées.

Chaque volume de Other People’s Photographs rassemble un contenu varié en fonction d’un facteur unificateur – aussi arbitraire et absurde que cela puisse paraître –, établissant ainsi des manières possibles de catégoriser le monde. Mais, en fait, en récupérant pour la culture post-photographique la volonté encyclopédique de D’Alembert et de Diderot croisée avec les paradoxes pédagogiques de Borges, Schmid vient ébranler la cohérence de toute théorie de catalogage et d’archivage.

JOACHIM SCHMID (ALLEMAGNE)

Né en 1955 à Balingen, Joachim Schmid vit et travaille à Berlin. Il a présenté des expositions individuelles et collectives, notamment au Lieu d’Art et Action contemporaine de Dunkerque (2015) ; au Museum Folkwang à Essen (2014) ; au Fotomuseum Winterthur (2014) ; à la Gagosian Gallery à New York (2013) ; au Musée de l’Elysée à Lausanne (2012) ; au Museo di Fotografia Contemporanea, Cinisello-Balsamo/Milan (2012) ; au Cleveland Museum of Art (2012) ; au Centre de la photographie Genève (2010) ; aux Rencontres d’Arles (2008) ; et à The Photographers’ Gallery à Londres (2007). Il a publié plus d’une centaine de livres d’artiste. Ses œuvres font partie de collections publiques, telles que celles de la Bibliothèque nationale de France à Paris, du Daelim Contemporary Art Museum à Séoul, du Stedelijk Museum Amsterdam, de la Maison Européenne de la Photographie à Paris, du San Francisco Museum of Modern Art et du Pitt Rivers Museum à Oxford. Il est représenté par la Galerie Alain Gutharc à Paris et par P420 Arte Contemporanea à Bologne.

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