Yvonne Lammerich | palimpsestes | 11.03.-16.04.2022
Palimpsestes
Yvonne Lammerich
Du 11 mars au 16 avril 2022
*An English translation will follow
Quelques mots sur le corpus d’œuvres que vous voyez ici. Il est né de la conviction qu’un récit commence par la formation d’une croyance exprimée en deux questions connexes : Comment puis-je savoir où je suis si je ne sais pas où j’ai été ? Comment puis-je savoir où je vais si je ne sais pas où je suis ? Le titre de l’exposition, Palimpsestes, adapte le concept de textes glissant ou se pliant les uns sur les autres, lui-même dérivé d’une recherche sur des manuscrits historiques réutilisés ou modifiés, mais portant encore des traces visibles d’une forme antérieure. Un exemple récent de son utilisation est offert par Sarah Dillon, disant de son œuvre à ce propos qui s’agit « d’une cohabitation de récits apparemment étrangers se pliant et se dépliant dans un dialogue […] un outil interprétatif qui produit du sens à travers des réseaux de connexité […]. »
À partir du tableau Now de 2019, suivi de Now/Then et Now/Extended en 2020, j’ai voulu construire une approximation de la complexité de notre expérience contemporaine dans laquelle des récits contradictoires sur des structures de croyance historiques et actuelles s’entrelacent pour produire une riche tapisserie de paradigmes variables et toujours en évolution. Dans ces tableaux où est employé un vocabulaire formel de lignes dans l’espace, plusieurs centres différents – certains dans le tableau, d’autres à l’extérieur – construisent des lignes axiales dont les intersections deviennent les formes qui délimitent des champs de constructions spatiales en chevauchement ; ces champs se plient les uns sur les autres pour décrire un réseau apparemment infini de connections entrecoupées où le pli cache aussi bien qu’il révèle la simultanéité de ces paradigmes.
Plus récemment, j’ai été curieuse de savoir comment je pourrais représenter les espaces multiculturels que nous occupons dans notre monde connecté qui contracte les séparations historiques et l’évolution de la conscience mondiale. J’ai décidé d’appliquer le concept de palimpseste à de nombreuses structures qu’on peut trouver dans les œuvres que j’ai choisies pour leur démonstration des principes qui émergent de la construction en perspective. Les conventions euro-centriques de la perspective à la Renaissance représentent la logique ou la croyance en une culture monothéiste, où le point d’infinité repose sur un seul dieu. Une autre vue, très différente, par exemple celle antérieure du monde romain avec ses multiples dieux et déesses, présente l’espace comme étant multivalent de manière équivalente, dans laquelle la perspective dépend de la position variable du regardeur au sein de cet espace de multiplicité. Dans ces œuvres plus récentes, je me suis intéressée à la construction d’une confluence de perspectives culturelles différentes telles qu’appliquées à un espace pictural. J’espère que ces espaces hybrides, y compris leurs sensibilités chromatiques, sont en résonance avec de l’expérience que nous avons du monde contemporain dans lequel nous vivons.
Yvonne Lammerich, 2022
Biographie
Le travail d’Yvonne Lammerich a fait l’objet d’expositions sur les scènes nationale et internationale depuis 1973. Ses œuvres font partie de collections muséales, d’entreprises et particulière. Née en Allemagne, elle a mené sa pratique en France, à Montréal, à Toronto, et présentement dans le comté Prince Edward, en Ontario.
Dans son historique d’expositions, depuis les années 1980, mentionnons : Palimsestes, Occurrence, espace d’art et d’essai contemporains, Montréal (2022) ; la Biennale de Bonavista (2019) ; Voices: Artists on Art, Southern Alberta Art Gallery (2018) ; Idiorrythmic, Jinji Lake Art Museum in Suzhou, China (2016) ; Incidentally, The Nunnery Gallery, Londres, et Empire of Dreams, Museum of Contemporary Canadian Art (MOCCA) (2010) ; Common Ground, Southern Alberta Art Gallery (2008) ; Problems of Knowing #1 et #2, 1ère Biennale internationale de Québec (2000) ; Universe Urban, Musée national des beaux-arts du Québec (1998) ; Modular Self-Organization, International Artists’ Centre, Poznan, Pologne (1993) ; Peintures récentes, Maison des Congrès et de la Culture de Clermont-Ferrand, France (1984).
Lammerich a enseigné à l’Université Ryerson, l’Université de Lethbridge et l’Université Zayed (EAU). À Montréal, elle a été membre et présidente du conseil d’administration d’Optica (1986-1993). Elle a écrit régulièrement des comptes rendus pour les revues Parachute, Vie des Arts, ETC, Canadian Art, Esse et Contemporary Magazine (R.-U.), de même que des essais pour de nombreux catalogues d’artistes.
Palimpsestes
Yvonne Lammerich
From March 11 until April 16, 2022
A few words about the body of work you see here. It began with the conviction that a narrative begins with the formation of a belief rendered as two linked questions: How do I know where I am unless I know where I've been? How do I know where I'm going unless I know where I am?The title of this exhibition, Palimpsests, adapts the concept of texts sliding or folding over one another, itself derived from research into historical manuscripts reused or altered but still bearing visible traces of its earlier form. A recent example of its use is by Sarah Dillon, whose work on the subject is quoted as speaking to " a cohabitation of seemingly alien narratives folding and unfolding in dialogue…an interpretative tool that produces meaning through intricate webs of connectedness…"Beginning with the painting Now in 2019, and followed by Now / Then and Now Extended in 2020, I wanted to construct an approximation of the complexity of our contemporary experience in which competing narratives of historical and current belief structures interweave to produce a rich tapestry of shifting and ever-evolving paradigms.In these paintings, employing a formal vocabulary of lines in space, a number of different centres – some inside the painting, some external to them – construct lines of axes whose intersections become the forms delineating fields of overlapping spatial constructs, fields folding through one another to describe a seemingly infinite array of intersecting connections where the fold both conceals and reveals the simultaneity of those paradigms.Most recently I have become curious as to how I could represent the multicultural spaces that we occupy in our connected world with its contraction of historical separations and the evolution of a global awareness. I decided to apply the concept of the palimpsest to a number of structures that can be found in artworks I selected for their demonstration of principles that surface in perspectival construction. The eurocentric conventions of Renaissance perspective represent the logic or belief of a monotheistic culture, where the point of infinity rests on a single deity. A very different view however, for instance one held earlier in the Roman world with its multiple deities, sees space as equivalently multivalent, in which perspective depends upon the viewer's shifting position within that space of multiplicity. In these most recent works, I have been interested in constructing a confluence of differing cultural perspectives applied to pictorial space. I am hoping that these hybrid spaces, including their colour sensibilities, resonate with the experience we have of the contemporary world in which we live.
-Yvonne Lammerich, 2022
Biography
Yvonne Lammerich has shown nationally and internationally since 1973. Her work is included in museums as well as corporate and private collections. Born in Germany, her practice has been based in France, Montreal, Toronto, and currently in Prince Edward County, Ontario.
A selection from her exhibition history since the 1980’s includes: 2022 Palimsestes, Centre D’Art, Galerie Occurrence Montreal;the Bonavista Biennale (2019); Voices; artists on art, at the Southern Alberta Art Gallery (2018); Idiorrythmic at the Jinji Lake Art Museum in Suzhou, China (2016); Incidentally at The Nunnery Gallery, London UK and Empire of Dreams, Museum of Contemporary Canadian Art (MOCCA) in 2010; Common Ground, Southern Alberta Art Gallery (2008); Problems of knowing #1 and #2, the 1st Quebec International Biennale (2000); Universe Urban at the Musée du Quebec (1998); Modular Self-Organization at the International Artists’ Centre, Poznan, Poland in 1993; and in 1984 Peintures récents, Maison des Congrès et de la Culture de Clermont-Ferrand, France.
Lammerich has taught at Ryerson University, the University of Lethbridge, and Zayed University, UAE. In Montreal she served on the Board of Optica as member and president, 1986 – 1993. She has consistently contributed reviews for Parachute, Vie Des Arts, ETC, Canadian Art, Esse, and Contemporary Magazine (UK) as well as essays for numerous artists’ catalogues.
